Aimé Cesaire

Aimé CÉSAIRE : Un Immortel, un Illustre Fils de l’Humanité…

Aimé Césaire

Poète, Essayiste et Homme politique

Aimé Cesaire

En cette journée commémorative où le monde se souvient de l'un de ses immortels, un illustre et digne fils de l’Humanité, nous livrons la dernière série de notre sélection des pensées césairiennes en hommage à un grand homme, Aimé CÉSAIRE :

- Un écrivain et un poète engagé : « La connaissance poétique est celle où l'homme éclabousse l'objet de toutes ses richesses mobilisées » ;

- Un laudateur lucide de la grandeur de l’Homme et de sa dignité irréductible, au-delà des appartenances particulières : « J'ai toujours un espoir parce que je crois en l'homme […]. La voie de l'homme est d'accomplir l'humanité, de prendre conscience de soi-même… » ;

- Un prisonnier de l’Espérance, mais d’une espérance conquise et lucide : « C'est quoi une vie d'homme? C'est le combat de l'ombre et de la lumière… C'est une lutte entre l'espoir et le désespoir, entre la lucidité et la ferveur… Je suis du côté de l'espérance, mais d'une espérance conquise, lucide, hors de toute naïveté » ;

- Un grand chantre de l’interaction salutaire entre l'universel et le particulier et un proclamateur invétéré de la Négritude : « Plus on est nègre, plus on est universel »;

- Un homme de lettres et un promoteur de la Culture universelle : « La culture […], c'est tout ce que les hommes ont imaginé pour façonner le monde, pour s'accommoder du monde et pour le rendre digne de l'homme » ;

- Un partisan de la sympathie humaine universelle : « […] jamais dans la balance de la connaissance, le poids de tous les musées du monde ne pèsera autant qu'une étincelle de sympathie humaine » ;

- Un intellectuel stratège : « J'ai plié la langue française à mon vouloir-dire » ! Une parole à mettre en lien avec la formule restée célèbre de son compagnon de lutte, Léopold Sédar SENGHOR : « Dans les décombres de la colonisation, nous avons trouvé un outil merveilleux : la langue française » ;

- Un adversaire déclaré et opiniâtre du colonialisme ainsi que de toutes les formes de domination de l'Homme par l'Homme : « Colonisation : tête de pont dans une civilisation de la barbarie d'où, à n'importe quel moment, peut déboucher la négation pure et simple de la civilisation » ;

- Un militant des droits de l'homme et un défenseur inconditionnel de tous sans-voix du Monde : « Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n'ont point de bouche, ma voix, celle des libertés qui s'affaissent au cachot du désespoir » ;

- Un serviteur dévoué et fidèle de la Mémoire humaine : « Pour nous, le choix est fait. Nous sommes de ceux qui refusent d'oublier. Nous sommes de ceux qui refusent l'amnésie même comme méthode. Il ne s'agit ni d'intégrisme, ni de fondamentalisme, encore moins de puéril nombrilisme » ;

- Un homme révolté et résolu pour la défense du Monde : « Il n'est pas question de livrer le monde aux assassins d'aube » ;

- Un avertisseur préoccupé par le devenir de nos sociétés : « Une civilisation qui s'avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente. Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte. Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde » ;

- Un combattant déterminé et un infatigable défenseur de la Liberté : « Et surtout mon corps aussi bien que mon âme, gardez-vous de vous croiser les bras en l'attitude stérile du spectateur, car la vie n'est pas un spectacle, car une mer de douleurs n'est pas un proscenium, car un homme qui crie n'est pas un ours qui danse ». La Liberté dont il considère d'ailleurs en être un otage (« Liberté mon seul pirate »), tout en prenant le soin de nous astreindre à cette évidence : « Se rappeler que le combat, le séculaire combat pour la liberté, l'égalité et la fraternité n'est jamais entièrement gagné, et que c'est tous les jours qu'il vaut la peine d'être livré » ;

- Un militant et un poète de la Justice aussi : « La justice écoute aux portes de la beauté ».

De tout ce qui précède, je puis dire que chaque génération doit savoir se battre pour relever les défis de son temps, quels qu'ils soient.

Aimé CÉSAIRE appartient à cette génération d'hommes et de femmes qui se sont battus sans faiblir, pour relever les défis de leur temps. Et ces défis étaient non seulement nombreux mais de taille, partout dans le Monde : en Europe, en Afrique, dans les Amériques, etc.

Ils n'ont pas tout réussi, loin s'en faut! Mais, comme nous le savons toutes et tous, nous n'apparaissons chacun dans ce Monde que « […] pour donner notre somme de labeur et disparaître » (Émile Zola).

Par conséquent, il revient aux générations montantes et aux générations à venir de savoir persévérer dans cette voie noble qui est celle de contribuer inlassablement à accomplir l'Humanité, en se donnant les moyens de relever également, autant que possible, les défis de leurs temps respectifs.

La génération actuelle, la nôtre donc, doit mêmement savoir relever les nombreux défis qui sont les siens, entre autres :

- Remettre l’Humain au cœur de tout projet dans nos sociétés, aveuglées par la course au profit, à la puissance et à la démesure ;

- Garantir à chaque être humain, partout dans le Monde, le respect effectif de sa Dignité intrinsèque et irréductible, au-delà des appartenances particulières et contingentes ;

- Œuvrer sans relâche à faire de ce Monde notre Bien commun, un Monde qui soit un lieu digne et habitable pour l'Homme, etc.

A titre personnel, Aimé CÉSAIRE me renvoie également et tout simplement à mes années de lycée, à ma fringante adolescence, à toutes mes belles nuits blanches en compagnie des œuvres mythiques de cet auteur immense et unique en son genre :

- Cahier d'un retour au pays natal ;

- Discours sur le colonialisme ;

- La Tragédie du roi Christophe ;

- Une saison au Congo ;

- Discours sur la négritude, etc.

Un auteur à la plume si vive et si exceptionnelle qu'il fallait lire avec toujours un dictionnaire à côté, pour essayer de le comprendre!

Mes hommages perpétuels à Aimé CÉSAIRE d'avoir été de ces auteurs, ces hommes et ces femmes d’écriture qui ont gouverné mes premiers pas littéraires et qui m’ont appris à aimer les livres, à m’émerveiller devant la beauté et la magie des mots…

Lyon, le 17 avril 2020

Roger K. KOUDE, Professeur (HDR)
Titulaire de la Chaire UNESCO « Mémoire, Cultures et Interculturalité » de l’UCLy

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